5. Tibet !
23
Octobre 2006 - de Lhatse

 


Le fleuve sacré Bramaputra

 

Bonjour a tous!

Comment allez-vous?  Comme promis, j'y vais avec une mise à jour du site.  Par contre, je dois vous avouer qu'avec la frénésie de Katmandu et sa fête des lumières (NDLR : Diwali, fête populaire hindouiste comparable à la fête de Noël chez nous) et le départ pour le trek demain, je vais peut-être y aller de façon plus résumée.

Alors, les dernières nouvelles remontaient à Shigatse, la ville où nous ne devions pas aller mais où nous avons dû faire un crochet parce que nous manquions de chambre à air, de pneus et de gaz pour le bruleur.  Bref, la veille du nouveau départ prévu sur la route, c’est-à-dire après notre journée de repos à tout faire sauf se reposer, disons que j'ai eu une nuit mouvementée par une bonne "chiasse".  5-6 bonnes diarrhées, parfait pour te mettre en forme pour les routes de travers.  La veille encore, alors qu'on mangeait encore dans un resto à la propreté plus que douteuse (en fait, ici, c’est jamais douteux si c'est sale, c'est TOUJOURS sale, partout….et les restos ne font pas exception, même ceux qui s’annoncent en anglais avec les mots magiques "western food").  Anyway, ça frappe, pas trop fort, juste deux nuits.  Sauf que la deuxième nuit, alors que tu dors paisiblement dans un petit oasis vert au milieu du tas de roche qu'est le Tibet et que la chiasse te pogne et que tu es dans un sleeping bag zippé, dans une tente zippée avec deux zips et qu’il fait nuit et que ça presse…..pas rose rose comme histoire.  Je vous épargne les détails ou vous laisse les imaginer.  Disons que c’est une belle histoire de mer….!!!!
 


Route difficile

Donc, malgré l’offre très aimable de mon chum de passer la journée au lit, nous avons décidé de partir quand même.  C'est le jour de la fête nationale des Chinois, alors, tôt ce matin là, les routes étaient presque désertes, quel bonheur.  Nous sommes donc partis vers le nord pour traverser la rivière Bramaputra, rivière sacrée qui trace sa route jusqu’en Inde.  À notre grande surprise, cette petite route qui ne mène nulle part est asphaltée et plane.  Pour une fille qui a eu une nuit blanche, ça c'est un GRAND bonheur.  À chaque virage, nous nous attendions à du gravier, mais non.  Nous avons passé la journée sur cette route, super calme, à traverser des villages en saluant les gens qui travaillaient aux champs en se sentant comme des héros.  Je ne pense pas qu'ils en avaient vu passer beaucoup avant nous!  Cette région est très aride et les montagnes de pierre pas très hautes.  Sauf que l'atmosphère est quand même très particulière. 

Ce soir là, le fameux soir, nous avons trouvé un magnifique petit oasis vert pour camper.  Une petite source souterraine qui faisait verdir quelques mètres carrés de pelouses et une dizaine d'arbres.  Tout cela peut sembler un peu niaiseux quand on vit au Québec, mais sachez que ce petit coin de verdure fut le seul que nous avons vu au Tibet en 5 semaines!  Nous avons passé la soirée avec deux petite bergères…de 6 et 8 ans max qui gardaient un troupeau de plus de 100 moutons et chèvres.  Les enfants ne sont pas enfants longtemps ici.
 


Juste avant le fameux pont

Lendemain matin très mollo….beaucoup de lavage à faire (!) et départ sur le route tard….avec bien sûr encore deux crevaisons.  C'est inévitable, dès qu’on quitte la route pour camper, on se ramasse avec des crevaisons….du jamais vu!

Il ne nous restait que 12 km de route paradisiaque à faire, parce que la terre est arrivée et toute une route de terre!!! Probablement parmi les pires à date.  On ne peut plus la lâcher des yeux, donc pas trop de chance pour admirer le paysage.  Mais dans les pauses pour boire, celui-là ce dévoile à nous toujours très aride mais magnifique.  Les montagnes sont brunes et rocheuses, tout comme la route.  Il y a peu de village car peu de source d’eau.  Quand il y en a un, les gens sont aux champs et travaillent à la moisson.  Ils nous envoient la main et nous regardent passer…nous sommes probablement parmi les premiers cyclistes à passer par ici…disons que c’est un détour de 3 jours pour arriver à Latse notre prochain point de passage. 
 


Vieille dame

Sur nos cartes, la route prenait fin quelque part et on devait traverser un pont pour retourner vers le sud et rejoindre la FH à Latse.  En fait, seulement une des 3 cartes montrait ce pont….mais on se disait que c'était la bonne carte.  Je dois vous avouer que je n’ai jamais autant cherché un pont.  Depuis quelques temps, à tous les après-midi le vent se lève, et il se lève bien sûr de face et avec une force digne des vents Patagoniens.  Une chance par contre, il fait chaud.  Depuis quelques jours on a des 27°C en après-midi.  Mais il fait tellement sec ici qu’on n’a pas du tout de difficulté à supporter cette chaleur.  Alors, avec les jambes faibles encore de la diarrhée, l’après-midi fut long, très long.  Il est dur de vous décrire l'état des routes mais elles sont très difficiles à vélo.  Elles ne sont pas faites de terre ou de gravier comme chez nous, ici les routes sont faites de roches de 6-8-10 pouces.  On doit toujours regarder par terre pour trouver la meilleure ligne, c’est comme faire du vélo de montagne.  Alors, quand nous avons aperçu le pont, dans un virage de la Bramaputra j'étais plus qu’heureuse, Ce soir-là, nous avons campé à l’abri du vent dans la cours de la maison en construction d’une veille dame du village.  Quand nous sommes arrivés, elle nous a offert cet endroit.  Il n'y avait personne dans le village à part elle et une autre vieille dame.  Nous pensions avoir trouvé le spot parfait, loin des yeux et que nous aurions une soirée tranquille pour se reposer  Mais nous étions encore novice dans nos aventures Tibétaines, on ne savait pas que tout le monde rentrait en ville le soir venu.  Alors, dans cette petite cours, nous avons eu la visite de tout le village au complet et avons passé la soirée à se faire observer sous toutes nos coutures.  Il faudra qu’on vous raconte… Le lendemain, après une journée dans la poussière et le vent, nous avons atteint notre autre objectif, la petite ville de Latse, crevés et affamés bien sûr. Toujours le fun d’arriver en ville et de pouvoir se ravitailler.  On mange beaucoup beaucoup de nouilles Ramen et même si on trouve différentes façons de les apprêter on commence à en faire une indigestion.  Il est toujours difficile de trouver des produits frais et de la vraie bouffe,  À part des biscuits, des bonbons et du Red Bull, il n’y a rien dans les épiceries et il n'est pas question de s'acheter un morceau de yak qui sèche au soleil entouré de mouches sur le coin de la rue où des jeeps se font un party de poussière.  Alors…les nouilles!
 


Premiers sommets enneigés depuis longtemps

Demain nous partons pour une autre route de travers vers Sakya.  La route est ouverte jusqu’au monastère que les Chinois viennent de reconstruire après l’avoir détruit en 1950 durant la révolution culturelle.  Difficile à suivre… Par contre, après elle est fermée.  Il va falloir user de notre imagination pour pouvoir passer sans permis.  Le propriétaire de l’hôtel nous a donné sa bénédiction et nous avons fait des offrandes aux dieux et au 10e Pachen Lama (photo duquel le proprio de l’hôtel garde bien cachée dans la douleur de son chapeau de cowboy) et nous espérons pour le mieux!

La suite un de ces quatre…quand nous serons de retour du trek!

À plus

Chrystine et Joël au Tibet  xxx

 

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