4. Surprise De Shigatse ! 30 Septembre 2006 - Shigatse

 

Col Lung La, 4770m

 

Surprise!!!

Nous voilà à Shigatse, un arrêt non prévu sur notre route.  Nous avons vécu un moment inoubliable par la route dont je vous parlais la semaine dernière, c’est-à-dire le col Yung La. On voulait poursuivre sur ces chemins de travers absolument fantastiques... sauf que nous avons manqué de gaz pour le réchaud (nouilles Ramen pas cuites.. nous n’en sommes pas là encore) et nous n’avons plus aucune chambre à air et deux pneus de foutus!  Incroyable, les paysages sont à couper le souffle, mes les routes pas faciles du tout. J’ai fait 3 crevaisons dans la descente du col, deux le jour suivant et ensuite nous nous sommes réveillés Joël et moi, encore avec chacun deux crevaisons avant... et pour Joël, encore une, un peu plus loin.  Nous ne comprenons rien... absolument rien.  Pourtant on va aux temples, on paie les Dieux comme les pèlerins et on mène une bonne vie (à part les Lhasa Beer à 50 cents qui nous réconfortent tant)??? Pourquoi tous ces pic-pics de la route se retrouvent systématiquement dans nos pneus???
 


Vallée après le col

Anyway, après les deux jours et demi sur la route après Gyantse, nous avons dû nous résigner à prendre la « Friendship Highway » sur environ 100km pour aboutir dans la 2e plus grande ville du Tibet... une ville, vous le devinerez, qui n'a absolument rien de Tibétain.  Mais une ville assez grande pour trouver des chambres à air en quantité et des pneus neufs "made in China" qui, nous espérons, vont durer pour la suite...

Pour revenir en arrière, mardi matin dernier, nous avons mis une fois de plus le réveil à 6am pour être sur la route avant que les polices sortent de leur tente.  Nous avons pris la route du col... sauf que nous ne savions pas trop elle était où cette route, qui comme je vous le disais, n’apparaît que sur certaines de nos cartes et que personne ne semblait connaitre en ville.  Nous avions par contre su qu'elle était à gauche environ après 20 minutes de vélo.  20 minutes de vélo... pour qui???  Après 5 minutes de vélo, nous avons vu une gauche, est-ce la bonne route? Nous demandons à la seule personne levée à cette heure, un jeune garçon, qui nous fait signe que oui.  Oui... avait-il au moins compris ce que nous lui demandions?
 


On travaille aux récoltes

Nous devons faire confiance à la vie, et hop, à gauche nous tournâmes.  La vallée était encore dans l’ombre des montagnes mais peu à peu avec le soleil qui se levait, les couleurs sont devenues magiques. C'est la période des récoltes présentement, et partout au pays, toutes les familles, hommes, femmes et enfants sont aux champs à la récolte de l’orge qui se fait de façon très basique: à la main! Les rayons ras du soleil sur les champs dorés étaient tout à fait bucoliques. La route, elle, l’était moins. Très sablonneuse et parfois avec des sections techniques de vélo de montagnes.  Nous avancions comme des tortues sur ce chemin en nous demandant si nous allions nous buter à un col ou si nous avions pris la mauvaise route?

 

Les femmes comme les hommes

La vie a été bonne avec nous ce matin là et 10 jeeps de touristes (les seuls véhicules que nous avons vus en 2 jours) nous ont passés dans des nuages de poussière asphyxiants.  Nous étions sur le bonne route et peu après ont s'est mis à faire des lacets.  Lacets après lacets, nous grimpions, égrainant les kilomètres et les mètres d'altitude.  Nous n’avions aucune idée où se trouvait le col et ne l’avons pas vu tant que nous ne l'avons pas passé mais nous savions qu'il était à 4770m.  Les paysages et la tranquillité étaient sublimes.  Nous étions seuls au monde sur cette route.  Comme je le disais, à part les 10 jeeps, une moto et deux bergers, pas un chat.  Mais ho combien difficile.  Pour moi, le plus dur à date.  Les derniers km ont été marqués par des étourdissements et deux chutes.  Mais à la vitesse qu'on monte, rien de grave.  À chaque lacet, nous pensions que ça y était.  Mais non, encore plus loin.  Et à près de 5000m encore plus loin, c’est parfois décourageant.  Mais petit train va loin et vers 13h30 (nous sommes partis à 7h30) nous avons finalement vu les drapeaux de prières qui marquent toujours les sites importants.  Quel bonheur!  Un autre dans la poche!  Tout autour, des montagnes plissées recouvertes d’une pelouse jaune. Pas un arbre. Quelques yaks qui broutent dans le froid.  Et comme seule musique, le vent.

 

Pélerins qui font des prosternations en face du Tashilhumpo Monastery

Le route de descente fut un pur bonheur, à part les 3 crevaisons en moins de 3 km.  Nous nous sommes trouvé un super spot pour le lunch et la sieste et tout au fond de la vallée, le long d'un muret dans un champ qui venait juste d'être récolté, un super site de camping.  Les gens dans cette vallée sont extraordinaires.  Premièrement, ils ne voient pas de touriste, ou presque pas, et encore moins des touristes à vélo.  Partout des sourires, des Tashi Delek sincères, et la paix.  Contrairement à certaines régions où les gens s'attroupent autour de nous et nous observent comme des animaux de cirque pendant des heures sans exagération), ici, ils passent, s'arrêtent un instant, nous sourient et repartent faire leur petit bout de chemin.
 


Moines en grande conversation au Tashilhumpo Monastery, remarquer les bottes typiquement Tibétaines

Le lendemain nous avons eu, Joël et moi, la plus belle journée de vélo à vie.  Je ne pourrais jamais la décrire.  Une route qui descend en faux plat, la vallée, la rivière qui coule, les champs qui brillent sous le soleil, le bonheur.  Nous avons aussi eu la plus belle invitation à date, soit celle de partager le thé au beurre de yak et du chang (bière d'orge grillé) avec une petite famille, assis par terre dans leur champ.  Un moment intense de bonheur... tellement que le thé était bon et la bière aussi! Les gens hyper souriants avec leurs petits bébés, ne nous ont pas laissé terminer nos tasses tant que le thermos n'a pas été vide.  Heureusement, le mienne était de thé et celle de Joël, en vrai homme, de chang!!!

 

Tashilhumpo Monastery, c'est ici qu'habitait le Pachen Lama

Malheureusement, c'est quelques heures plus loin, après un bol de momos en soupe (dumplings de pâte farcis de viande de yak) dans un mini resto tibétain sur le bord de la route plus sale qu’il n'est donné de penser, que nous avons conclu que nous ne pouvions pas poursuivre sur cette route et que le détour par la ville était inévitable. 100 km de route asphaltée dans le trafic, la pollution des camions et la cacophonie des klaxons.  Rien de réjouissant.  Et en plus, rien de tibétain.

Par contre, on doit avouer qu'une journée de repos, une douche (la première vraie douche), un peu de lavage et de la bouffe en quantité reste quand même bienvenus.

Donc maintenant que nos vélos ont de nouvelles chambres à air, que nous avons des rustines pour les prochains 10 ans et que nos deux pneus arrières sont flambant neufs, nous reprenons la route direction arrière-pays.

Encore une fois, aucune idée quand sera le prochain accès internet.  On pense à vous fort fort.  Tout va bien et nous sommes en super forme.  Je pense qu'on commence vraiment à être acclimatés au manque d'oxygène. 

Merci Dom pour ton précieux travail de mettre ces textes en ligne et merci pour vos courriels.

Au plaisir

 
J'aime bien avoir de vos nouvelles, mais ma boîte « Sympatico » me
donne du trouble. Écrivez-nous à l’adresse de Joël à:
joelpaquin@yahoo.ca.
 
Au plaisir et Tashi Delek
 
Chrystine et Joël xxx

 

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